Depuis les années 1990 et les premières recherches de David Watkin sur la réalisation de la basse continue au violoncelle, plusieurs recherches théoriques, articles et thèses de doctorat, ont été consacrées à ce sujet. Ils·elles démontrent que les violoncellistes du XVIII^e siècle maîtrisaient des techniques de basse continue aujourd’hui disparues : la réalisation harmonique de la basse continue (chiffrée et non chiffrée), l’ornementation et l’improvisation idiomatique ainsi que la rhétorique pratique et idiomatique. Or aucun de ces chercheur·euses n’a conçu à ce jour un outil permettant de transférer ces techniques dans la perspective d’une mise en application par le·la musicien·ne contemporain·e dans son milieu professionnel. Faute d’outils de formation, ces pratiques, que tous jugent indispensables pour produire une Interprétation Culturellement Informée des musiques du XVIII^e siècle, sont trop peu exploitées dans le milieu artistique. Pour pallier ce manque, une équipe de quatre violoncellistes concertistes, enseignants et chercheurs au Conservatoire royal de Bruxelles désirent élaborer les outils pratiques permettant aux musicien·nes contemporain·es de mettre en application ces techniques dans son milieu professionnel.
Les violoncellistes capables de réaliser leur basse en accords, d’improviser des contre-chants, de déceler ce qui est ornemental ou structurel et d’agrémenter la mélodie de leur propre ornementation dans le style adéquat, tout cela de façon convaincante, pourront alors proposer de nouvelles interprétations. Cette maîtrise, parfaitement historique, leur permettra de se réapproprier une création artistique complète, à l’image du claviériste qui joue la basse à la main gauche et improvise à la main droite, alors que les violoncellistes sont aujourd’hui avant tout des interprètes des musiques anciennes.